Les légendes Belge


Sommaire:


Les nutons

La légende de Saint-Hubert

Marie de Gobaye

Berthe de la roche

Diable de femme

Esprit de l'eau et du feu


Les nutons

Petits génies des forêts et des champs, les nutons (de l'ancien français netun : sorte de démon, et du wallon nutt' : nuit) habitaient les grottes et les failles des rochers. Tantôt cordonniers, tantôt forgerons ou rétameurs, ils étaient très habiles en toute espèce de métiers. Parfois commis à la garde d'un trésor, leur force physique exceptionnelle en faisait des êtres redoutés.

Susceptibles et rancuniers, ces nains châtiaient durement ceux qui les provoquaient. Il était donc dans l'intérêt des hommes d'entretenir avec eux des relations de bon voisinage. Pour s'attirer leur bienveillance et rétribuer leurs services, les campagnards leur faisaient des dons en nature (des œufs, du pain, du lait, du beurre...), lesquels étaient généralement déposés à proximité de leur habitat. Ces offrandes perpétuent-elles le souvenir d'une dévotion? Les nutons sont-ils les successeurs d'anciennes divinités entrées dans le folklore?

Malgré l'existence de nutonnes, ces nabots s'amourachaient facilement des jeunes villageoises et se rendaient parfois coupables de substitutions d'enfants nouveau-nés. Pour se débarrasser des nutons, ou faire éclater leur supercherie, les villageois usaient d'un stratagème à base de coquilles d'œufs, lequel vexait les petits hommes ou les démasquait. Répandus dans toute l'Ardenne sous différentes appellations (nutons, lutons, sotês, massotês...), ces nains jouissent encore d'une certaine popularité auprès des campagnards.


La Maison des nutons

En Haute-Lesse, entre les villages d'Anloy et de Glaireuse, le Bois de Cuy est clairsemé d'éboulis, d'affleurements schisteux, de blocs moussus dont certains ont roulé jusque dans la rivière. Dans ce site sauvage, plusieurs cavités, dont un bel auvent rocheux appelé la Maison (ou le Trou) des nutons, auraient abrité ces nains capricieux et folâtres du légendaire ardennais.


maison des nutons d'anloy

Il y a aussi le trou des nutons (Bras), la roche des nutons (Libin),  grotte des nutons (hives), la roches des massôtes (logbiermé), les nutons de cheslé berismenil (Cheslé).


La légende de Saint-Hubert

A proxilité de la barrière de Champlon, la converserie serait l'endroit où Saint-Hubert aurait vu le cerf avec la croix!
Selon les termes d'une ancienne oraison populaire, Hubert, prince d'Aquitaine à l'époque de l’empire franc, délaissait le chemin de la foi chrétienne pour les sentiers de la chasse lorsqu'il eut un jour "l'avantage de voir Jésus crucifié entre les bois d'un cerf". Cette vision le détermina à se convertir et à s'engager dans la voie du sacerdoce. Ainsi commence la célèbre légende du premier évêque de Liège, patron des chasseurs, un des saints les plus populaires du calendrier catholique.

Le culte de saint Hubert - chasseur s'était surtout développé sous l'influence des amateurs de vénerie, autrement dit des aristocrates, pour qui la chasse, préfiguration de la guerre, était l'occasion de faire valoir leurs vertus de classe : la bravoure, l'intrépidité, la virtuosité dans le maniement des armes. La chasse jouait donc un rôle important dans la culture aristocratique, ce qui explique la place de premier plan occupée par saint Hubert, patron de la vénerie, dans les dévotions de la noblesse.



Berthe de la roche

Les légendes «accrochées» à des châteaux en ruines sont parfois suspectes. On peut les soupçonner d'avoir été inventées à des fins touristiques, ou d'être nées dans l'imagination d'un rêveur romantique, et non dans la tradition populaire transmise à la veillée de génération en génération.

Pourtant, les tours de schiste noir du château de La Roche-en-Ardenne, si solidement ancrées sur l'éperon rocheux qui domine la villette, gardent le souvenir d'une étrange tragédie restée vivante dans la mémoire des habitants de la région. Celle de la blonde Berthe, fille du seigneur du lieu.

Elle était douce et charmante. Sa délicatesse étonnait dans ce rude château. Maint jeune chevalier d'Ardenne, du pays de Liège, de Lorraine ou de Namur en était amoureux. Lorsque les damoiseaux venaient demander sa main à son père, elle était flattée, mais jamais conquise. Seule enfant du comte, veuf depuis plusieurs années, elle hésitait à le quitter, lui et le beau pays d'Ourthe. Quelque chose en elle était resté enfant. Il eut fallu un grand amour pour la décider. Les hommages qu'elle recevait lui étaient agréables, sans la bouleverser.

Pourtant, comme le comte se sentait vieillir, il dit à Berthe:
- Je n'ai jamais voulu, comme tant d'autres pères le font, t'imposer un époux. Mes forces déclinent. Je n'ai pas de fils. Il faut que toi-même et le comté soyez protégés par un chevalier loyal et fort, qui sache vous faire respecter. Puisque ton cœur n'a pas encore parlé, obéissons à la décision des armes. Je te propose d'organiser un tournoi selon les règles de la vraie chevalerie. Le vainqueur, si tu me donnes aujourd'hui ton accord, deviendra ton mari devant Dieu et devant les hommes.

Berthe se rendit à l'avis de son père. Ce qu'il lui avait dit était la raison même. Mais elle restait inquiète. N'aurait-elle pas dû choisir elle-même, plus tôt, parmi ses soupirants, dont plusieurs étaient bien aimables. Le tournoi serait-il vraiment, comme on le disait alors, le «jugement de Dieu» ? N'allait-il pas donner la victoire à un aventurier, ou à un rustre ?

La joute fut annoncée dans tous les châteaux et les villes, des confins de France à ceux d'Allemagne. Nombreux furent les chevaliers qui s'y préparèrent, tant était grand le renom de la beauté et du charme de Berthe de La Roche.

Celle-ci, un jour, se promenait à cheval sur le chemin, au-delà de la chapelle Sainte-Marguerite. Toute à ses pensées anxieuses, elle ne dirigeait pas sa monture, qui trébucha sur une souche. La bête étant déséquilibrée, Berthe serait tombée sur les rochers si, prenant le cheval au mors, une poigne ferme ne l'avait redressé.

C'était celle de Waleran de Montaigu, venu voir de ses yeux la jeune comtesse, objet du tournoi. Distraite, elle ne l'avait pas entendu approcher.

Sauvée d'une chute dangereuse, Berthe regarda Waleran. Jamais elle n'avait vu plus beau chevalier. Waleran avait fière allure, avec dans le regard quelque chose à la fois de hardi et de tendre. Les deux jeunes gens furent éblouis l'un par l'autre. La fraîcheur et la fragilité de Berthe avaient séduit Waleran au premier coup d'œil. Comme elle le remerciait pour son aide, il comprit que jamais il ne se lasserait d'entendre cette jolie voix. Berthe invita Waleran à partager son repas au château. Les jeunes gens s'y parlèrent peu, mais se regardèrent beaucoup. Ils se revirent plusieurs fois et s'avouèrent leur amour.

- Comme c'est dommage, dit Berthe. Si je vous avais rencontré plus tôt, mon sort ne dépendrait pas du tournoi.
- Ne craignez rien, Berthe, je gagnerai le tournoi.

Ce n'était pas là vaine vantardise ou présomption d'amoureux. Waleran était aussi adroit que brave. Mais une vertu de chevalier lui manqua: la franchise. Il n'osa pas dire à Berthe qu'il était fiancé. Devait-il en être si honteux? Ses fiançailles avec la brune, l'ardente Marie de Salm, étaient le résultat d'un marchandage entre son père et celui de Marie, qu'il n'avait jamais aimée avec passion. Hélas, l'héritière du comté de Salm était violemment éprise du beau Waleran. Elle vit s'espacer les visites de son fiancé, et sentit qu'une gêne remplaçait la tendresse du jeune comte de Montaigu. Elle s'en plaignait à lui, l'interrogeait, mais il répondait évasivement.

Un jour, le boîtier que Waleran portait à son cou s'ouvrit. Une mèche de cheveux blonds en tomba. C'est ainsi que Marie de Salm apprit pour qui battait le cœur de son fiancé.

Dans une scène de violente jalousie, elle le maudit, lui promettant une vengeance terrible. Waleran quitta le château de Salm, à la fois soulagé et inquiet. Mais il ressentait surtout la joie d'avoir retrouvé sa liberté. Entre ses visites à la douce Berthe de La Roche, il se prépara au tournoi.

Le jour de la grande épreuve, dans un pré richement paré de bannières et de tentes armoriées, toute la jeune noblesse d'Ardenne, de Lorraine, de Liège, du Namurois et même de la lointaine Champagne était présente.

Waleran ne s'était jamais senti plus sûr de lui. Il portait, sous son armure, un petit mouchoir de dentelle blanche que Berthe lui avait donné comme talisman. Il avait désarçonné tous ses adversaires et allait être proclamé vainqueur du tournoi, lorsque le héraut d'armes annonça la venue d'un nouveau chevalier qui refusa de dire son nom. Cuirassé d'acier noir, l'inconnu montait un cheval d'ébène avec l'élégance altière d'un vrai gentilhomme. Mais il semblait frêle à côté de ceux que Waleran avait vaincus. Sans inquiétude, Waleran piqua des éperons et se mit en place pour la joute. Ce fut la plus rude de tout le tournoi. Son ténébreux adversaire esquivait les coups, avec une souplesse diabolique, et jouait de sa monture avec autant d'aisance que s'il s'était agi de ses propres doigts.

Waleran, qui avait déjà nombre de joutes dans les reins, devint nerveux. À la dixième reprise, il lança son beau cheval blanc avec toute la force possible, et alla se jeter sur la lance de son adversaire qui venait de détourner la sienne aussi légèrement que dans une passe au fleuret. Violemment frappé en pleine poitrine, Waleran tomba sur le sol. On le crut mort, et Berthe devint blanche comme la dentelle qu'elle lui avait donnée. Le chevalier était assommé et ses amis le transportèrent, sans connaissance, sur une litière.

Avant le festin qui suivit, Berthe, désespérée, fut unie par mariage au chevalier noir qui refusa d'enlever son heaume, et même d'en lever la visière.

À l'issue du repas, bruyant et somptueux malgré le malaise suscité par l'énigme du sombre chevalier, les jeunes époux furent conduits à la chambre nuptiale. Mais bientôt un cri perça le bruit de la ripaille et de la beuverie qui continuaient dans la grande salle. On se précipita vers le donjon qui dominait l'Ourthe. Le grand voile blanc de la malheureuse épousée y pendait, soulevé par le vent de la nuit.

Le comte de La Roche fit enfoncer la porte de la chambre. Elle était vide. À la lueur des lanternes et des torches, on découvrit, au pied du donjon, Berthe poignardée, sans vie. Le poignard était encore enfoncé dans son cœur. Il portait l'écusson aux deux saumons des comtes de Salm. Marie, déguisée en chevalier, s'était vengée de sa rivale. Et l'on dit que, chaque année, à l'anniversaire de ce tournoi tragique, un orage ébranle toute la région. Entre les éclairs, nombreux sont ceux qui ont cru voir, au donjon, flotter quelques instants le voile blanc de Berthe de La Roche.

Marie de Gobaye

A Saint-Hubert ( Belgique ) , on parle de Marie Gobaille , mi-sorcière, mi-cheval , elle fut condamnée à être brulée comme toutes les sorcières en période d'inquisition.

Ellle se transforma en cheval et prit un malin plaisir à semer la terreur parmi les habitant de Smuidet de Mirwart.

Un soir le mayeur d'Arville décida d'organiser une expédition avec les habitants de Mirwart armés de bâtons et les habitants de Smuid avec leurs loups en laisse.

Ils trouvèrent Marie Gobaille en ce lieu de forêt , ils la pourchassèrent pour en être
définitivement débarrassés, ils lui tranchèrent la tête avec une faux.

Victorieux , ils promenèrent la tête sur un pieu à travers le village de Mirwart.

Depuis les habitants de Mirwart se nomment des tiès di chfaut ( tête de cheval ) et
les habitants de Smuid les leus ( les loups ).



Diable de femme

Dans toute l'Ardenne, de l'Ourthe et l'Amblève à la Meuse, de malicieuses histoires racontent les voyages que Jésus et saint Pierre auraient faits dans la région, déguisés en humbles pèlerins. Mais, pour une fois, Jésus et le chef des apôtres, au lieu de s'y promener, l'observaient du haut du ciel.

Par un jour clair de printemps, le Seigneur avait remarqué qu'un diable avait pris la forme d'une femme pour commettre ses méfaits. Il fallait le regard du fils de Dieu pour reconnaître Belzébuth sous ce déguisement, tant en était frais le minois et avenant le sourire de la fille d'Eve. Sous cette aimable apparence, ce diable, ayant accosté une Ardennaise, lui racontait mille fariboles. D'abord amusée, la villageoise fut bientôt agacée et demanda à l'inconnue de passer son chemin et de la laisser tranquille. Celle-ci n'en fit rien et l'affaire tourna en dispute, avec des coups et des cris.

- Descends vite sur terre et va calmer ces deux commères, dit Jésus au chef des apôtres.

Pierre obéit et partit pour l'Ardenne en grande hâte. Il était tellement pressé qu'il prit avec lui l'épée(1) que saint Paul lui avait confiée pour un moment. Arrivé près des deux femmes qui se crêpaient le chignon avec vigueur, il leur prêche le calme, mais finit par perdre le sien, voyant que ses admonestations ne sont pas entendues. Pire, les deux commères en rage se retournent contre lui, le rudoient, lui tirent la barbe, le griffent. Alors, le saint apôtre perd son sang-froid et tranche, d'un 'coup d'épée, la tête des deux enragées.

Cette besogne faite, ayant rétabli l'ordre avec énergie, saint Pierre remonte au paradis. - Qu'as-tu fait, malheureux ! lui dit Jésus. Je t'avais dit de les calmer et non de les tuer. Tu oublies que Dieu ne veut pas la mort du pécheur. Retourne vite en Ardenne. Je te donne le pouvoir de leur rendre vie en recollant leurs têtes. L'apôtre obéit, encore plus pressé que la première fois, car il venait de comprendre l'énormité de son geste. Mais voilà, il ne faut rien faire trop vite: ni décoller les gens, ni les recoller.

Pierre posa la tête de la diablesse sur le cou de la femme, et vice-versa. Il paraît que c'est depuis lors qu'on ne s'y retrouve plus très bien. Lorsqu'une femme se montre vraiment trop maligne, on dit: «diable de femme».


Esprit de l'eau et du feu

Les rivières d'Ardenne ne sont pas toujours aimables. L'Ourthe et la Semois ont des tourbillons périlleux, annoncés par des rides à peine perceptibles à la surface de l'eau. Mais on y trouvait aussi, jadis, le repaire d'habitants plus dangereux que les brochets voraces ou les écrevisses à la pince dure. Les gouffres des rivières et même des puits étaient la demeure d'inquiétants personnages, esprits des eaux, dont on menaçait les enfants trop hardis qui se penchaient sur les puits ou jouaient près des berges.

C'étaient les bonshommes noirs nommés «pépés crotchets» ou, par corruption du mot «pépés cotchets» parce qu'ils attiraient le curieux au fond de l'eau au moyen d'un grand crochet. Là, ils lui suçaient le sang. Ils aimaient la vie chaude qui manque à leur froide nature semblable à celle des poissons. Ensuite, ils emprisonnaient l'âme dans une cruche dont l'ouverture est tournée vers le bas. Elle n'était libérée que si la cruche bascule.

D'autres «pépés», terrestres ceux-ci, hantaient les coins sombres des caves et des greniers. C'étaient de petits vieillards méchants et taquins, aimant faire peur et jouer des tours pendables, s'accrocher aux vêtements, faire des crocs-en-jambe.

On les voyait à peine, ces petits génies des vieilles pierres, des soupentes et des lieux souterrains. Mais on les sentait tout proches. Familiers, ils ne quittaient pas l'ombre des maisons.

Ce n'était pas le cas d'apparitions plus rares, mais foudroyantes, comme celles des charrettes jetant feu et flammes qui dévalaient la nuit les chemins escarpés. Il y en avait plusieurs à la file, formant un cortège infernal, et nul cheval ne les tirait. La dernière charrette descendait à rebours, les brancards en arrière.

Dans la côte de Rochehaut, en face de Laviot, nombre de paysans du XIXe siècle disaient avoir vu ces trains de véhicules se précipiter à grand fracas. Ils y étaient tellement habitués qu'ils ne s'en émouvaient plus le moins du monde. On ne sait d'où venaient les chariots, et l'on n'en retrouvait aucune trace dans le fond de la vallée, après leur passage. Mais ils étaient toujours accompagnés d'un petit homme coiffé d'un bonnet rouge, qu'on appelait pour cela la «roudge bounette». C'est lui qui lançait les charrettes dans leur course effrénée.

Esprit du feu, mais plus malicieux que dangereux, la « roudge bounette» du pays de Rochehaut semblait avoir une inimitié, bien naturelle, l'esprit l'eau. Ainsi, l'esprit s'amusait à faire de mauvaises farces au meunier de Hour. La nuit, il ouvrait la vanne de la chute d'eau, faisant tourner le moulin à vide. Le meunier devait se lever pour arrêter le mouvement. Parfois la «roudge bounette» répétait sa mauvaise plaisanterie plusieurs fois sur la même nuit, et le malheureux meunier n'osait plus fermer l'œil.

Des farces de ce genre étaient malaisées à déjouer. D'autant plus que le coupable pouvait, quand il le voulait, se rendre invisible. Dans certains villages allemands, on racontait que les bonnets des nains avaient ce pouvoir. Ainsi un homme dont les champs étaient pillés malgré sa surveillance vit un jour les épis tomber sous ses yeux, et le champ être comme piétiné sans qu'il y ait le moindre vent. Il n'avait pas sa canne, mais prit une branche et s'en fit une badine. Il eut l'idée de l'agiter devant lui en marchant dans les blés qu'il voyait se dévaster alentour. À mesure qu'il avançait, il vit apparaître une foule de nains qui ramassaient leur bonnet. À coups de badine, il les avait décoiffés, les privant ainsi de leur invisibilité. Démasqués, ils lui demandèrent pardon et s'enfuirent.






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